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Monument - Fosses-la-Ville
LES MONUMENTS PATRIOTIQUES DE FOSSES-LA-VILLE
par Jean Romain,
historien et ancien bourgmestre de Fosses-la-Ville
 
 
Le Monument du cimetière de Saint-Roch et le Mémorial de l’Hôtel de Ville.
 
Pour commémorer le souvenir de ses enfants tombés au champ d’honneur durant la guerre 1914-1918, la ville de Fosses a fait ériger un monument au cimetière de Saint-Roch, sur le caveau commun où, en mai 1922, les corps de neuf d’entre eux avaient été inhumés.
 
Le 21 mai 1922 donc, les cercueils de 7 victimes arrivaient par train à la gare de Fosses et furent amenés à l’hôtel de ville où une chapelle ardente avait été préparée. Il s’agissait de :
- DEFER Fernand, sergent fourrier au 13e de Ligne, blessé le 18 mars 1916 devant Dixmude, décédé des suite de ses blessures le 22 mars.
- DRAPIER Jean, caporal au 13e de Ligne, tué au front de l’Yser en octobre 1914.
- LAMBERT Alfred, volontaire de guerre engagé le 4 août 1914, caporal, mort au front à Dixmude le 10 avril 1916.
- WARNANT Georges, volontaire de guerre engagé le 8 août 1914, tué au front à Adinkerke le 30 juin 1917.
- MOISSE Achille, soldat au 13e de Ligne, mort au front à Geeren le 29 septembre 1918.
 
On y associait d’autres victimes déjà inhumées en notre cimetière :
- LADRILLE Victor, soldat au 18e de Ligne, mort à Fosses le 7 août 1919 des suites de maladie contractée au front ;
- THIROT Georges, maréchal des logis chef de gendarmerie, mort le 14 novembre 1918 des suites de maladie ;
- EUCHER Lucien, tombé à Boesinghe, et LEBLOIS Jules.
 
Et plus tard, en mars 1923 :
- BONLARON Gabriel, mort en camp de prisonniers en Allemagne,
- ALBERT Jean-Baptiste, mort dans un camp à Soltau,
- REIMS Victor, mort des suites de ses blessures dans un hôpital en Bretagne.
 
Après plusieurs discours de circonstance et des absoutes en la collégiale, les cercueils furent portés par des Anciens Combattants jusqu’au cimetière, où ils furent déposés dans le caveau commun érigé à cet effet : dans une pieuse pensée on avait voulu que soient réunis dans la mort tous ces braves, qui avaient connu ensemble les horreurs de cette terrible guerre. Toutefois, certains restaient dans le caveau de leur famille.
 
Un Monument et un Mémorial.
 
Quelques mois plus tard, le 26 août 1922, le conseil communal décidait la construction d’un monument à ces victimes de la guerre. Un comité se forma pour assurer l’érection « d’un monument à nos héros de la guerre » financée par une souscription publique parmi la population. Le président en était le bourgmestre, M. Victor Roisin, et le secrétaire F. Martin. En janvier 1923, il décidait une double construction : un monument au cimetière de Saint-Roch, « au rond-point où sont enterrés tous nos soldats », et une plaque commémorative dans le hall de l’Hôtel de Ville, gravée des noms de nos braves et aussi des victimes civiles.
 
En mars, le comité approuvait le projet de monument et la souscription publique était lancée : elle récolta la somme de 10.129,75 Fr et la commune dut ajouter 1935,00 Fr. pour payer le monument réalisé par le sculpteur D. Gérard, de Falisolle, et construit par Emile Namèche, de Fosses début juillet 1923. C’est un beau monument, formé de pierres de taille et orné de sculptures représentant une palme, une couronne, un lion belge couché, le tout surmonté d’une croix.
 
Le Conseil communal, en date déjà du 10 septembre 1921, avait admis le principe d'ériger au cimetière de Fosses "un caveau d'honneur pour les militaires morts pour la Patrie". Et le 22 novembre, il approuvait les plans et le cahier de charges pour cette construction, au montant de 3.544,00 francs ; l'adjudicataire fut Adolphe Georlette pour 3.700,00 Fr, mais en 1922 il fallut ajouter 1702,53 Fr pour travaux supplémentaires.  
 
L’inauguration avait été fixée au 15 juillet et le comité lançait un appel à la population pour que cette journée soit « une manifestation éclatante de reconnaissance et de vénération ».
    
A 15 heures, un cortège se formait rue du Chêne (actuellement avenue des Combattants) ; il était composé comme suit :
1. la Gendarmerie ;
2. les enfants des écoles ;
3. les anciens élèves de l’Ecole Moyenne ;
4. l’Harmonie Saint-Feuillen ;
5. les autorités communales et le comité organisateur ;
6. les familles des défunts ;
7. les Combattants ;
8. les Déportés ;
9. les militaires en activité ;
10 la Philharmonique fossoise. 
Monument_aux_Morts.jpg 
Ce cortège parcourut les rues pavoisées pour se rendre au cimetière où la cérémonie débuta par un discours de M. le doyen Crépin, au nom du Comité organisateur, rappelant le courage de ces braves et soulignant le symbole des sculptures ornementales : la palme et la couronne de gloire pour nos héros, le lion, symbole de notre patrie, le tout surmonté de la croix symbole de foi et d’espérance. Après l’exécution de la Brabançonne, le major Clavareaux, représentant le Ministre de la Défense Nationale, rappelle les faits de guerre, cette belle jeunesse sacrifiée et souligne le fait que par ce monument le sacrifice de ces braves sera perpétué à jamais. Le doyen bénit alors le monument qui est garni de fleurs par des enfants des écoles.
Plaque_Hotel_de_Ville.jpg 
Le cortège se rend alors place du Marché et, dans la porche de l’Hôtel de Ville, le bourgmestre M. Roisin rappelle les faits d’août 1914 : l’arrivée des troupes françaises à Fosses, les incendies de 80 habitations, les victimes de cette épouvantable guerre. Il salue cette grande plaque de marbre blanc gravée en lettres d’or des noms des victimes, cette « Pierre du Souvenir », hommage de toute la population aux victimes ainsi honorées pour la postérité. Les élèves chantent alors le chant patriotique « Vers l’avenir » et les deux sociétés de musique réunies fraternellement exécutent une nouvelle Brabançonne.
    
Depuis lors, chaque année, ces deux monuments sont pieusement et fidèlement fleuris. On a même ajouté, sur la plaque commémorative, les noms des victimes de la guerre 1940-1945.
 
Ainsi se perpétue le souvenir envers ces victimes des guerres et le sentiment patriotique d’attachement à notre Patrie.
 
Monument au Roi Albert 1er.
    
Mme Henri Delmotte-Lemaître, veuve d’un riche banquier et fille d’un ancien bourgmestre de Namur, avait déjà fait don à la ville de Fosses d’un carillon placé dans la tour de la collégiale. En avril 1936, elle fit savoir au Conseil communal qu’elle offrait d’ériger à ses frais, place du Chapitre, un monument à la mémoire du Roi Albert, mort tragiquement à Marche-les-Dames en 1934.
    
Le 18 mai, le Conseil approuvait les plans du monument, dressés par M. René Colin, architecte à Namur : couvrant 32 m2, le pourtour était fait de pierre de taille moulurée de 20 cm de haut, avec grillage en fer forgé de 80 cm. Le monument devait être une colonne de granit de 2 m 50 portant un buste en bronze de 85 cm, œuvre du sculpteur Victor Demanet, de Denée. L’intérieur serait garni se parterres fleuris.
    
Les travaux débutèrent en août et l’inauguration fut fixée au 20 septembre 1936. La ville était largement décorée et pavoisée et, dès le samedi soir M. Léon Henry, carillonneur de Nivelles, donnait un concert de carillon. Le dimanche 20 à 14 h., un long cortège comportant des délégations de 41 sociétés locales, parcourut les rues du centre. A l’hôtel de ville, les membres du Conseil accueillaient Mme Delmotte, un représentant du Roi, le gouverneur M. Bovesse, des députés et sénateurs, Mgr Lamy, abbé de Tongerloo et enfant de Fosses, M. le doyen Crépin, etc. Mme Delmotte remit officiellement le monument à l’administration communale et le bourgmestre M. Mingeot promit d’en assurer la garde et l’entretien. Place du Chapitre, le monument fut dévoilé et M. Loix, président des Anciens Combattants, prononça un long discours retraçant la vie et la personnalité du Roi Albert, puis M. le gouverneur Bovesse s’exprima aussi au nom de la province de Namur. Et un Te Deum fut chanté en la collégiale par Mgr Lamy en présence de toutes ces personnalités.
    
Plusieurs concerts marquèrent cet événement : à midi, par la Musique du 2e Chasseurs à Pied de Charleroi, et le soir par la Musique des Invalides de Namur. Et dans la nuit, un magnifique feu d’artifices fut tiré depuis la colline de Sainte-Brigide par M. Ricard, artificier du Roi, en apothéose de la fête.
    
Les sociétés patriotiques locales prirent la pieuse habitude, chaque 17 février à 17 heures, de venir fleurir ce monument en solennel hommage au « Roi Chevalier ».
    
Mais l’évolution des mœurs et des conditions de vie firent de la place du Chapitre un parking pour voitures, rétréci par ce monument. Aussi, en 1954, le Conseil communal décida de le transférer au Vieux Cimetière, mais cet endroit fut jugé trop confiné, et on choisit le carrefour de Leiche, où il serait plus visible par les nombreux automobilistes de passage. Le 10 août, le Conseil communal adjugeait les travaux à M. F. Crasset, de Saint-Gérard, pour 40.999 F. La délicate opération de transfert fut menée avec soin et, le dimanche 3 octobre à 11 h., les autorités communales et les sociétés patriotiques procédaient à l’inauguration officielle avec discours de M. Jadin, échevin, et Fernand Evrard pour les Anciens Combattants. Plusieurs gerbes de fleurs furent déposées tandis que La Brabançonne était exécutée par les deux harmonies locales.
Monument_Roi_Chevalier.jpg    
Pourtant, en 2000, d’importants travaux d’amélioration de la RN 922 dans la traversée de Fosses remirent en question cette localisation. Lors de chaque manifestation de février, il fallait bloquer la circulation, intense à cette heure de pointe, et les autorités se trouvaient sur la route car le monument était trop près du bord. On décida donc d’un… deuxième déménagement ! Et cette fois au Square Chabot, ex-Vieux Cimetière. Mais en ce lieu arboré, la place manquait pour tout réinstaller et on abandonna bordure en pierre taillée, grillage en fer forgé et parterres de fleurs. Le monument voulu par Mme Delmotte a perdu beaucoup de son éclat mais au moins, le 17 février, la cérémonie devenue traditionnelle peut se dérouler en toute quiétude : le Roi Albert n’est pas près d’être oublié chez nous !
 
Monument Edmond Chabot.
 
Né à Fosses le 2 octobre 1921, Edmond Chabot perdit son père onze ans plus tard et cela l’amena à se forger un caractère sérieux et volontaire. En mars 1941, épris de liberté et décidé à se battre pour son pays, il quitte sa famille et sa ville, traverse la France, est pris par la police de Vichy et interné à Toulouse ; mais après sept mois, il s’échappe, passe en Espagne où il connaît durant seize mois les rigueurs du sinistre camp de Miranda, s’évade encore, arrive au Portugal et à Gibraltar et de là gagne l’Angleterre. Engagé dans la 1ère Brigade de Libération (Brigade Piron), 4e peloton d’Assaut : il y reçoit une formation de para-commando. Le 6 août 1944 il est débarqué à la tête de pont de Caen, participe à de durs et sanglants combats pour la libération de la France puis de la Belgique, avec l’immense joie d’entrer à Bruxelles en libérateur ! La Hollande, l’Allemagne : toujours aux premiers postes de combat. Après la guerre, il se marie et aura trois enfants.
    
Mais il poursuit son service. En 1958, ce faux timide, plein de réserve et de courage, est un des principaux sous-officiers d’élite au centre de formation des parachutistes de Schaeffen. Plusieurs accidents ne l’arrêteront jamais et même il s’initie au saut en chute libre et participera à cinq missions en Afrique. Hélas, le 26 juin 1963, au cours de manœuvres en Allemagne, son avion est atteint par un obus mal dirigé et se trouve en perdition ; Edmond ne perd pas son sang-froid ni son courage : il ouvre la porte du dispatcher et pousse dehors neuf des jeunes paras ; mais lui reste, fidèle, à son poste dans l’avion qui s’écrase avec tous les autres.
    
Fosses voulut honorer le courage héroïque de cet homme d’exception. Dans ce qu’on appelait le « Jardin d’enfants », sous l’impulsion de l’échevin Jean Jadin, son ancien camarade de jeunesse, fut érigée une simple pierre brute, gravée d’un sigle de parachutistes et de ces simples mots : « Il sacrifia sa vie pour sauver ses hommes » qui disent bien toute la valeur, toute la grandeur d’âme de ce héros modeste et admirable. Précisons qu’il est titulaire d’une douzaine de très hautes distinctions honorifiques, dont la Croix de Guerre, la Croix des Evadés, la Médaille d’or du Carnegie Hero-Fund, la British Star et la France-Germany-Star.
Monument_Chabot.jpg    
L’inauguration du monument eut lieu le 20 septembre 1964. De nombreux discours rappelèrent la vie de cet homme véritablement grand, exemple pour notre jeunesse et, comme disait M. A. Collin, président des Anciens Combattants, « un de ces hommes que notre siècle appelle au secours pour lui dire que les vertus morales sont les seules vraies ». Et le major Ledent : « En cette race d’hommes, l’humanité trouve, quand il le faut, ses vrais héros. Puisse ce monument perpétuer longtemps le souvenir de son sacrifice et rester pour tous ceux qui l’ont connu le rendez-vous avec un ami très cher et un guide sûr ».
    
La pelouse où se dresse ce monument fut baptisé « Square Edmond Chabot » et durant bien des années, comme à Liège, la ville organisa un concours littéraire à son nom. Avec une pieuse fidélité, chaque année aussi des anciens de l’Amicale des Paras accompagnent les délégations patriotiques et les autorités communales dans une manifestation d’hommage à Edmond Chabot, exemple de courage, d’honneur et de fidélité à son idéal. 
 
Au cimetière américain.
 
Au lendemain de la libération, le 8 septembre 1944, l’armée américaine ouvrait près de la Ferme du Chêne à Fosses, le 1er cimetière militaire de Belgique. Dans un alignement impeccable, 2200 croix blanches ou étoiles juives marquaient les tombes de victimes surtout de l’offensive von Rundstedt ; elles étaient réparties en 11 carrés de 200 tombes et un douzième renfermait 96 aviateurs anglais, français, polonais et tchèques. Un peu plus bas, un autre cimetière contenait 1900 tombes de soldats allemands. Les inhumations se firent jusqu’en mai 1945 et la première manifestation officielle fut le Memorial Day du 30 mai 1945, présidée par le colonel Ott, devant une foule nombreuse, les autorités communales et les sociétés patriotiques locales.
    
Dès septembre 1944, des familles fossoises puis de toute la région vinrent « adopter » une tombe et la fleurir ; le plus souvent elles étaient mises en correspondance avec la famille américaine du soldat défunt et beaucoup manifestèrent avec émotion leur reconnaissance au peuple belge si attentif à fleurir les tombes de leurs enfants morts si loin de chez eux. En janvier 1946, le docteur Erlich, de l’American Graves Registration Command, vint inspecter le cimetière et fut profondément touché de cette piété envers les soldats américains. Il invita les autorités locales à signer le Livre d’or du cimetière, dans le pavillon d’accueil dressé au milieu de la pelouse d’honneur, et fit faire de nombreuses photos du groupe imposant de délégations et drapeaux patriotiques, des familles adoptantes et notamment des enfants au pied du mât du drapeau américain.
    
Ce cimetière militaire connut encore les cérémonies du Memorial Day en mai 1947 et 1948 ; mais l’administration américaine décida un regroupement des cimetières. Une « Cérémonie d’adieu » fut organisée le 11 juillet 1948 et les exhumations étaient terminées le 15 août. Des centaines de corps furent rapatriés aux Etats-Unis, les autres rassemblés au cimetière de Henri-Chapelle.
    
Mais les dirigeants de l’Amicale de la 101e Airborne, MM. H. Questroy et D. Chaussée, qui chaque année avec leur groupe célébraient l’anniversaire de la Libération en uniformes, avec jeeps et camions militaires d’époque, voulurent perpétuer la mémoire de ces héros américains et, le 13 octobre 1990 fut inauguré, au coin des rues du Chêne et du pré Standard, sur un terrain offert par la famille Winson, une stèle rappelant de façon tangible le souvenir de ce cimetière américain. La cérémonie était présidée par le colonel Wong, attaché militaire à l’ambassade américaine, avec une fanfare militaire venue d’Allemagne, une garde d’honneur du Shape, les autorités locales et régionales et une foule considérable.
Monument_Americain.jpg
Depuis, chaque année, le Memorial Day y est commémoré grâce à ces bénévoles de l’amicale de la 101e Airborne avec les délégations patriotiques et les autorités communales.

Date de création : 04/05/2011 @ 14:15
Dernière modification : 04/05/2011 @ 14:31
Catégorie : Monument

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