Journal du Souvenir n° 01
Octobre 2010
Témoignages de La guerre 40
Elèves des classes de Me Evelyne 6èmeA et de Me Julie 6èmeB Ecole St Feuillen
Mobilisation – Exode
Au mois d’août en 1939, mon grand-père Arthur fut mobilisé et dut rejoindre la caserne de Namur. Sa mission était de garder le pont de Jambes par peur d’une intrusion étrangère. Ensuite, quand la guerre fut déclarée, il alla se battre au front.
Mon grand-père, le Colonel Raymond Lescastreyres avait seize ans en 1939. Il raconte la « drôle de guerre ». Le 1er septembre, les chars allemands entrent en Pologne. Le 2 septembre, la guerre est déclarée à l’Allemagne par l’Angleterre et la France. Tous les hommes valides entre 20 et 48 ans sont mobilisés.
L’opinion générale est que cette guerre ne durera pas longtemps. En octobre, la radio répète chaque jour la même chose : « rien à signaler sur l’ensemble du front ». Après novembre voici décembre et c’est toujours la drôle de guerre.
Ma grand-mère avait 17 ans quand la guerre s’est déclarée le 10 mai 1940. A l’annonce de l’arrivée des Allemands, son papa, qui avait connu la guerre de 14-18 a voulu fuir car durant cette guerre, les Allemands avaient fait preuve de beaucoup de cruauté envers les civils.
Marraine Irène avait 5 ans quand la guerre a commencé. Avec ses parents, ils ont évacué vers la France, mais les Allemands les ont rattrapés et ils ont dû retourner chez eux.
Nous sommes partis à pieds. Le lendemain, nous avons eu la chance de partager un chariot avec d’autres réfugiés. Des avions mitraillaient : on courait s’aplatir dans les fossés et dans les prés qui bordaient la route. Nous passions les nuits dans des maisons abandonnées.
Nous étions dans des files interminables et le conducteur de la camionnette fut bien inspiré en changeant d’itinéraire car la file que nous venions de quitter fut mitraillée par l’aviation allemande et beaucoup moururent.
A Silenrieux, les avions allemands ont mitraillé la colonne de réfugiés car des soldats belges s’étaient mêlés à eux.
Jean Romain témoigne : Un bébé fut tué dans les bras de sa mère !
Nous avons passé la nuit dans les caves de la gendarmerie de Tournai. Le lendemain, ceux qui nous avaient remplacés étaient massacrés par une torpille allemande tombée sur la gendarmerie.
Mes arrière-grands-parents sont partis pour prendre le bateau à Calais pour l’Angleterre. Mais ils sont arrivés trop tard : le bateau était parti. Ils se sont réfugiés dans une grange pendant six semaines.
L’occupation allemande
Toute la famille craignait que la maison soit dévastée. C’est la dame qui nettoyait qui l’a surveillée. Au retour, rien n’avait bougé mais le plus marrant, c’était que le jardin était fait. Ceux qui étaient restés avaient cultivé le jardin pour avoir des fruits et des légumes.
Bien heureux de retrouver notre petite ville de Fosses sans dégâts ainsi que notre maison. Un grand merci au Seigneur. Il faut dire que l’on a beaucoup prié !
Pendant l’occupation : le ravitaillement se fait au compte-goutte. Nous recevons des timbres nous permettant d’acheter du sucre, du pain, de la viande, de la margarine… Il a fallu se priver. Parfois des fermiers complaisants nous vendaient quelques œufs, un peu de farine. Nous avons eu faim mais on s’y est habitué.
Comme il n’y avait pas assez de nourriture, les gens élevaient des animaux mais lorsqu’ils voulaient les tuer pour les manger, ils devaient le déclarer et les Allemands prenaient la quantité de viande qu’ils voulaient et il fallait se contenter de ce qui restait !
Pour aller à l’école, les enfants n’avaient pas de chaussures : ils devaient mettre des sabots et les filles devaient mettre des bas en laine tricotés par leurs mamans.
Je m’appelle Christiane Chavet. J’avais six ans quand il y avait la guerre. Je me souviens que pour avoir un pain, on recevait un ticket. On devait faire la file, il y avait beaucoup de gens et moi, avec ma petite taille, tout le monde me passait devant. Si bien qu’un militaire allemand est venu me chercher dans la file et m’a fait passer devant tout le monde. J’avais très peur mais nous avions de la chance car les Allemands n’ont jamais été violents avec nous.
Nous mangions du pain noir qui filait mais nous n’avons pas eu faim car mon papa avait un grand jardin, il élevait des poules, des lapins et une brebis. En plus, nous avions un grand verger qui produisait beaucoup de fruits.
Jean Romain précise : Pour vivre, on a besoin de 2700 calories par jour. Pendant l’occupation, avec le rationnement, on atteignait à peine 1350 calories par jour !
Les privations de liberté : les journaux et la radio étaient contrôlés par les Allemands et les nouvelles leur étaient toujours favorables. On écoutait cependant la radio de Londres qui donnait des nouvelles des combats auxquels les Anglais participaient et des victoires qu’ils remportaient.
Le soir, il fallait occulter les fenêtres, mettre des volets ou des tentures. On ne pouvait pas voir de lumière à cause des avions anglais qui pouvaient tirer. Le couvre-feu était obligatoire sous peine d’amende ! On ne sortait pas la nuit.
Les bombardements
Il y avait des bombardements toute la journée et ma marraine a même vu un avion qui volait à sa hauteur. Les gens creusaient des abris dans le sol afin de s’y réfugier en cas de bombardement.
Les points stratégiques, comme les ponts, les gares, les usines, les voies de chemins de fer étaient bombardées par l’aviation alliée. Aussi, les citadins habitant près de ces points stratégiques se réfugiaient à la campagne. C’est ainsi que les petits citadins pleuraient beaucoup lorsque la sirène sonnait l’alerte. Ils se souvenaient des bombardements dont ils avaient été témoins.
J’avais 6 ans, j’ai connu la faim, j’ai eu peur des avions : j’ai attrapé une boule dans le cou. Maintenant j’ai encore peur…
Je me suis cachée dans le puits devant ma maison ; nous prenions des bougies et un crucifix pour prier. Après les bombardements, nous sortions pour vite refaire à manger.
La Résistance
Dès 1942, après la première défaite des Allemands à Stalingrad, le vent tourne et des réseaux de résistance s’organisent. Celui de Fosses s’occupait de la récupération des pilotes anglais et américains abattus par la chasse allemande de Florennes alors qu’ils partaient par milliers bombarder les villes allemandes. Le réseau de Fosses, d’accord avec mon père, avait conclu que le seul endroit pour cacher les pilotes était l’hôtel Léopold III de mes parents. C’était, avec le recul, un peu fou mais cela a bien fonctionné pendant des années. Au fur et à mesure, ils étaient rapatriés en Angleterre, mais quel risque pour ma famille !
Il y avait aussi une armée secrète, c’était les résistants. Ils protégeaient les gens, sabotaient les ponts et les chemins de fer afin de retarder les Allemands. Parfois ils étaient dénoncés et étaient emmenés dans un camp de concentration.
Jean Romain raconte que le vicaire de Fosses avait fait démarrer un train à toute vitesse et avait sauté le laissant foncer vers un pont qui avait été saboté. Le tender contenant le charbon s’était renversé arrachant les poutrelles soutenant les rails. Les Allemands avaient dû travailler plusieurs semaines pour restaurer le pont.
Les résistants coupaient aussi les câbles du téléphone pour empêcher les Allemands de communiquer entre eux.
Jean Moulin, héros de la Résistance
Les camps de prisonniers
Mon arrière-grand-père était prisonnier dans un camp allemand d’où il s’est évadé. Pendant sa cavale de quelques jours, il faisait les poubelles pour manger. Il a été repris par les Allemands. Son frère était aussi prisonnier mais il travaillait dans une ferme : les conditions étaient plus agréables.
Mon cher Eric, j’ai été fait prisonnier le 16 juin 1940 en Lorraine après avoir été blessé. En hiver, nous creusions des canaux pour l’assèchement des marécages par moins 25°. Je t’assure qu’il n’y avait pas de fainéants car si on ne travaillait pas, on avait les pieds gelés.
Mon arrière-grand-père fut emmené dans une ferme à Nindorf pour y travailler. Pendant qu’il était là, les Anglais ont rasé tout le village à l’exception de la ferme où il vivait. Il eut beaucoup de chance. Il y est resté jusqu’à la fin de la guerre.
La fin de la guerre
Les Alliés débarquent en France et les armées avancent lentement. L’ennemi reprend la route du retour… en faisant encore des dégâts ! Au Cheslong, le père de Manu Drèze a été tué !
La libération : septembre 1944
Les américains arrivent : c’est de la folie, on chante, on danse la liberté retrouvée. Les Allemands ont quitté les lieux mais les GI américains ont à leur tour réquisitionné tout l’hôtel et le magasin pour en faire un centre de transmissions.
Décembre 1944 Bataille des Ardennes
Les Allemands contre-attaquent dans les Ardennes. Il fait glacial et plein de neige. Les réfugiés de St Hubert et d’autres remplissent l’hôtel (matelas à terre). Les Américains nous annoncent que si les Allemands passent la Meuse, ils devront se replier. C’est la grande peur, mais les Allemands n’arriveront pas à Dinant.
Le 8 mai 1945 la guerre est définitivement terminée.
Conclusion : Ceux qui ont vécu ces années faites de terreur, de deuil, de misère et enfin de grande joie, n’oublieront jamais ! Que notre jeunesse s’en inspire pour mieux apprécier la chance qu’elle a.
Personne n'a encore laissé de commentaire. |