Le Mémorial du 25e RI
 
La Bataille de La Sambre - Une page d'Histoire de Sart-Eustache

Une page d'Histoire de Sart-Eustache 



En préparation des journées commémoratives qui marqueront le 90ème anniversaire de l’Armistice de 1918 à Sart-Eustache, les 10 et 11 novembre 2008, nous vous livrons cette page d’Histoire de la localité écrite par Fernand Galais.

« Aux glorieux combattants de la Noble France tombés héroïquement sur notre sol le 22 août 1914. Témoignage pieux et reconnaissant de la population de Sart-Eustache. Priez pour ces neuf héros. Lieutenant SOUVRÉ du 25erégiment et huit soldats. »

C’est par cette inscription sur la pierre commémorative du monument aux morts situé dans le cimetière de notre village, que la population de Sart-Eustache a rendu hommage aux neuf soldats français.

 


Rappel historique des évènements d’août 1914.

Le 4 août 1914, la Belgique est envahie par l’Allemagne. Le 22 août a lieu la « Bataille de la Sambre  » qui oppose l’armée française aux allemands. Ces derniers ont pris position aux portes d’Auvelais tandis que les français du 10e Corps d’armée occupent une ligne allant de Sart-Eustache à Fosses-la-Ville.

Parmi eux le 25e Régiment d’Infanterie de Cherbourg (Normandie) a pris place à proximité du territoire de Sart-Eustache.

A 13h, s’engage la « Bataille de la Belle Motte » à Le Roux. Très vite l’affrontement tourne à l’avantage des allemands et à 17h, les français sont obligés de battre en retraite : ils se retirent vers Noéchamps (Biesme) en passant par Sart-Eustache.

Le lendemain matin, des escarmouches vont opposer les allemands et l’arrière-garde française sur la place communale et dans les rues voisines. C’est au cours de celles-ci que 9 soldats français furent tués sur le territoire de notre village.

Le premier, le Lieutenant Souvré, trouva la mort au bas de la place, surpris par les soldats allemands qui avaient emprunté la ruelle Stassart en venant par « derrière les courtils » (rue de l’Ermitage). Les soldats s’enfuirent par la rue des Ruelles. L’un d’eux fut tué derrière l’école, un autre dans le jardin du n° 27 et quatre sur la devanture du n° 98, au bout de la rue.

Un français fut retrouvé mort derrière la ferme située au pied de la « côte du bailli » (la rue de l’église) et l’on découvrit le dernier, pendu dans un hangar de la ferme située sur la place communale, à côté de l’école.

La population de Sart-Eustache reconnaissante fit inhumer les corps dans le cimetière et placer une pierre commémorative.

fabce85e17ede258893b9039d0818bf2.jpgEn 1926, les parents du Lieutenant Souvré reprirent le corps de leur fils afin de le ramener chez eux, en Bretagne.

En 1974, les corps des huit soldats furent exhumés et inhumés à nouveau au cimetière français de Chastre Villeroux-Blanmont, au nord de Gembloux.

Ils étaient originaires de Normandie et de Bretagne comme de nombreux soldats inhumés à «  La Belle Motte  » à  Le Roux. Ils avaient entre 20 et 25 ans. Ils avaient toute la vie devant eux… Ils s’appelaient Dufresne Alphonse, Legouez Laurent, Prunier Léon, Furon Adrien, Leroudoux …, Pierret Léon, Provost Louis et un non identifié.

C’est  à  ces neuf héros que nous rendrons hommage le 11 novembre prochain mais nous penserons également à nos compatriotes, anciens combattants originaires de Sart-Eustache qui furent blessés ou faits prisonniers ou encore déportés au cours de cette  guerre 14-18 : Alexandre Blondiaux, Hector Bourlet, Joseph Chauvin, Marcel Claes, Fernand Demanet, Jules Derenne, Etienne Duchesne, Jean d’Orjo de Marchovelette, Georges Duculot, Henri Gilles, ... Gillain, Joseph Glise,  Florent Goemans, Jules Goffaux, Arsène Gonze, Louis Maghin, Achille Masuy, Octave Mathieu, Camille Polet, Gustave Pochet, Hector Renier, Hubert Rubay, Pierre Thiry, Benonit Verleye. En 1940, Albert Chauvin est mort au front et Martin Grosjean fut une victime civile.

fc2368efe4c130b8a30a7e95286ec7a7.jpgSoyons reconnaissants à ces combattants ainsi qu'à ceux de 40-45, que nous fêterons au mois de mai, d'avoir lutté pour préserver nos libertés.

Mais aujourd’hui, nous voudrions souligner que depuis 1945, c’est-à-dire depuis 63 ans, nous vivons en paix : plusieurs générations de jeunes peuvent  vivre leur rêves, se marier, avoir des enfants, faire aussi la joie des grands-parents… Tout ce que beaucoup de combattants des deux guerres n’ont pu vivre…Soyons-leur reconnaissants d’avoir lutté pour préserver notre liberté. Soyons aussi reconnaissants à tous ceux qui depuis lors ont œuvré à la réconciliation et au maintien de la paix dans notre Europe.

Dans notre quotidien, soyons aussi des « artisans de paix ». 

Afin de nous replonger au cœur de ces évènements, nous vous livrons deux récits significatifs. Aux cours de la guerre, la présence des "hôpitaux de campagne" fut très importante. Elle permit de sauver de nombreuses vies.

« L’Ambulance de Sart-Eustache ».

Pendant la guerre 14-18, le terme « ambulance » était utilisé pour désigner un véritable hôpital de campagne. Celle qui s’installera le 22 août à Sart-Eustache venait de Fougères en Ille-et-Vilaine (Bretagne).

Elle se composait de six médecins, un pharmacien, un officier gestionnaire, un officier d’approvisionnement, un détachement d’infirmiers, un autre de cavaliers du train des équipages, sept voitures de chirurgie, pharmacie, etc.

Partie en début août, l’ambulance arrive à Laneffe le 21 après un voyage sans incidents si ce n’est des insolations fb3453f73f957f64db6e63a2ed65966a.jpgdues aux longues marches sous le soleil.

Mais le 21 au soir, c’est l’alerte  et le convoi rejoint son affectation : la 20e Division d’Infanterie du 10eCorps d’Armée.

A minuit, l’ambulance s’arrête à Sart-Eustache. Elle se trouve à 4 km du cœur de la bataille, à l’aile gauche du 10e Corps. Le village, abandonné par les habitants, est désert, silencieux. Seuls sont restés le curé Servais et une douzaine de villageois n’ont pas voulu quitter leur foyer.

Dès 8 heures, les blessés affluent, portés sur des grandes charrettes par les paysans. Des femmes fuient avec leurs enfants. « On se bat dans notre village » lancent-elles…

Tout d’abord, l’ambulance fonctionne sur la place, en plein air. Ensuite, on l’installe dans le château. L'abbé Servais et quelques volontaires se dévouent auprès des blessés. On garnit le rez-de-chaussée de matelas sur lesquels s’allongent des officiers, des soldats tout en sang, certains méconnaissables…

A 10 heures, l’ambulance bretonne est débordée. Après un premier pansement ou une intervention, les blessés sont évacués sur l’hôpital de Florennes.

C’est au cours de cette journée que les 9 soldats bretons furent tués dans le village.

L’ambulance bretonne évacue le château de Sart-Eustache dans l'après-midi du 22 août. Les sartois et le curé continuèrent à prodiguer les soins les plus urgents aux blessés en attendant d'autres secours.

« Témoignage de l’abbé Servais, curé de Sart-Eustache ».

« Le samedi matin, 22 août, à la demande d’un major français, j’organisai l’ambulance au château du baron de Giey pour y recevoir les nombreux blessés qui arrivaient au village. Malgré l’exode de la population, je demeurai à ce poste de dévouement.

Vers 16 heures, les troupes françaises abandonnèrent complètement le Sart, et  je me trouvai seul au milieu des blessés, sans médecin, sans médicaments, sans aucun secours. C’est dans cette situation que je vis arriver les premiers allemands, conduits par un officier. Il me fut permis de passer la nuit auprès des blessés français, tandis que les soldats allemands s’enivraient.

Pendant toute la journée du dimanche, je prodiguai les soins les plus urgents aux blessés.

Le lendemain, dans la matinée, arrivèrent au village d’autres troupes, beaucoup plus sauvages que les premières ; elles étaient du Nassau. Sous la conduite des officiers, les soldats pillèrent les caves du château. Comme ma présence les embarrassait, ils eurent vite fait de me mettre à la porte de l’ambulance non sans m’avoir, à maintes reprises, menacé de leurs revolvers.

J’appris par la suite qu’ils recherchaient ma personne. J’ôtai donc ma soutane et me revêtis d’habits civils et, pendant deux jours et deux nuits, je fus obligé de me cacher dans une grange, couché sur un tas de fagots.

Les allemands vinrent me chercher au presbytère, et, ne m’y ayant pas trouvé, ils le saccagèrent de fond en comble et enlevèrent tout ce qui pouvait leur convenir.

Après le passage de ces bandits, la maison avait l’aspect d’une écurie, car ces ignobles individus avaient déposé partout leurs immondices.

Le 27, sur les conseils du doyen de Fosses qui charitablement vint me voir, je repris mes fonctions. "

Fernand Galais.

Commentaires

Bonjour !
Un des soldats tombés à Sart-Eustache se nommait LETONDOUX Emile François, né en 1892 à Cancale (Ille-et-Vilaine)
Quant au Lieutenant SOUVRE, il n'apparaît pas dans l'organigramme du 25e RI dès l'entrée en guerre le 2 août 1914. Peut-être a-t-il rejoint ce régiment au cours des premières semaines, n'apparaissant pas ainsi sur l'organigramme de départ. Il n'y a d'aileurs aucun SOUVRE du 25e dans les listes MPF. Appartenait-il d'ailleurs au 25e RI?
Hypothèse:
Ne s'agirait-il pas du Lieutenant Alphonse Auguste SAVOURE du 1er RZ né à Juvizy-sur-Orge (Seine-et-Oise) le 6.12.1886. Il se peut très bien que des éléments du 1er RZ, après l'attaque sur l'est de Châtelet, se soient retirés par Sart-Eustache? C'est plausible!
Il est bon de rappeler que près de 90.000 Fiches MPF sont manquantes et que le JMO du 1er RZ n'existe plus.
M. Houyoux - 6500 - Beaumont

Ecrit par : HOUYOUX M | 02/10/2008

Mon grand-père Amédée Greck est décédé le 22août 1914 à Chatelet,mort pour la France. régiment de Zouaves. Je ne savons pas où il est enterré. Merci

Ecrit par : BEAL | 12/11/2008

Cher Ami,

En effet, votre grand-père, le Zouave 2ème Classe Amédée Michel Greck, n'est pas repris dans la liste des soldats "identifiés" du cimetière de la Belle-Motte à Aiseau-Le Roux (Belgique). Ni d'ailleurs sur la liste du cimetière du Phare Breton d'Auvelais ou encore du cimetière mixte, franco-allemand de Tarciennes.
Le Régiment du 1er Zouaves dont faisait partie votre aïeul s'est bien battu à Châtelet. Dans un travail remarquable réalisé par deux historiens, MM. Houyoux et De Ridder, votre grand-père est référencé comme "tué à l'ennemi/Disparu le 22 août 1914 à Châtelet/Pont-de-Loup.
A la nécropole de la Belle-Motte, il existe deux Ossuaires qui renferment au total 2875 corps de soldats qui n'ont pu malheureusement être idenfiés.
De plus, apparemment, aucune note n'a été rédigée sur ce dernier dans les archives de la Croix Rouge de Châtelet qui était chargée de l'identification des soldats morts sur le champ d'honneur durant la bataille de la Sambre.
Croyez bien que je suis désolé de ne pouvoir vous aider plus, mais comme je le cite ci-dessus, votre grand-père repose certainement à la Belle-Motte dans un des deux Ossuaires.

D. Tilmant

Ecrit par : Comité du Souvenir | 08/12/2008

Bonjour, 
mon grand-père Modeste MOUSSET a combattu dans les rangs du 25éme RI le 22 août 1914, à Presles ferme de la Caoterie, séparé de son régiment qui retraitait ainsi qu'un camarade, Louis MARIE, il s'est réfugié dans les bois, au bout de sept jours dont quatre "sans boire ni avoir aucune nourriture" et refusant de se rendre malgré tout ils eurent la chance d'être accueillis par une famille de Sart-Eustache.
Ces gens ont pris un risque énorme en acceptant de les cacher, pendant six mois.
Ce n'était pas désertion puisque partant de cette cachette le 26 février 1915, rencontrant encore des gens dévoués à Charleroi, Ixelles, .. mon grand-père au bout de six tentatives réussit à entrer en Hollande, (il fut blessé par balle), de là gagna l'Angleterre, revint en France et reprit sa place dans le régiment ; son compagnon moins heureux se fit prendre à la première tentative et fut envoyé en captivité en Allemagne. 
C'est donc à Monsieur Hector JACQUET meunier à Saint-Eustache et à sa famille que mon grand-père et son camarade durent leur vie alors. Peut-être est-ce cet homme qui mourut le 12 avril 1915, ce serait alors son frère Georges qui reprit le moulin. 
S'il reste des descendants de ces braves gens, ce serait bien s'ils l'ignoraient, qu'ils connaissent ce fait. 
Cordialement
R Mousset

Ecrit par : Mousset Roger | 07/11/2009

Cher Monsieur, bonsoir. C'est avec beaucoup d'intérêt que je prends connaissance de votre courriel et vous remercie de nous transmettre ces informations. Le moulin existe toujours mais c'est la famille de Monsieur Jean Beguin qui l'occupe. Je procède à des recherches et vous tiendrai informé des résultats. Si vous souhaité être informé de nos activités "historiques" relatives à la Bataille de la Sambre, vous pouvez nous transmettre votre adresse e-mail et nous vous inscrirons dans la newsletter de notre blog. Avec notre toute symptahie, Daniel Tilmant.

Ecrit par : Le Comité du Souvenir | 07/11/2009

Merci de votre réponse,
Bien entendu je suis intéressé bien que loin de la Belgique.
Je n'ai pris connaissance de ces faits que le mois dernier dans les papiers laissés par mon grand-père, auparavant je savais un peu, la bataille dite de Charleroi mais peu de choses en fait. 
Mon email : 
chichiq@club-internet.fr

Ecrit par : Mousset Roger | 07/11/2009


 


Date de création : 20/12/2010 @ 13:56
Dernière modification : 20/12/2010 @ 22:14
Catégorie : La Bataille de La Sambre

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